Le 1er Adar marque le jour anniversaire du décès de l’une des plus grandes autorités rabbiniques médiévales : Rav Avraham Ibn Ezra, issu d’une famille espagnole de grand renom. L’érudition et la sagesse de ce maître du 12e Siècle couvrent de nombreuses disciplines: il était à la fois exégète, philosophe, grammairien, traducteur mais aussi mathématicien et astronome.
La vie de ce Richon se divise en deux périodes : dans la première, il acquiert une réputation de penseur et de poète dans son Espagne natale où il fréquente les érudits les plus célèbres de son temps, dont Rav Yéhouda Halévy. Il est considéré par ses contemporains comme étant l’un des derniers grands hommes à avoir fait la fierté du judaïsme espagnol qui a « renforcé les mains d’Israël avec des poèmes et des mots de consolation ». Il a en effet laissé des marques indélébiles dans la liturgie juive séfarade, par ses merveilleux chants et poèmes tels que Lékha Kéli Téchoukati, Agadélkha, Tsama Nafchi, Ki Echméra Chabbat…
Dans la seconde partie de sa vie, Rav Avraham Ibn Ezra traverse plusieurs pays, séjournant pendant quelques années à chaque étape. Il se considère comme un exilé qui, tout en errant, développe une activité littéraire ininterrompue, d’une variété et d’une richesse incommensurables. Il passe notamment par Rome avant de se rendre en Provence, au Nord de la France et en Angleterre.
L’œuvre principale du Ibn Ezra est son commentaire sur le ‘Houmach, intitulé Séfer Hayachar, édité pour la première fois à Naples en 1488. Considéré comme un classique, il n’a cessé d’être étudié jusqu’à nos jours. Il a également écrit le Séfer Moznayim qui est une introduction à la linguistique hébraïque. Quant à sa philosophie juive, elle se rapproche de celle de Rabbi Saadia Hagaon. En outre, la science des astres et l’étude du calendrier hébraïque occupent une place centrale dans ses œuvres.
Le lieu de son décès reste inconnu. Pour certains, il serait mort à Rome, pour d’autres en Angleterre. Autre hypothèse plausible : Erets-Israël.
Une anecdote qui se rapporte au Ibn Ezra
En 1159, une nuit de Chabbat, le Ibn Ezra fait un rêve qu’il met par écrit après le Chabbat : « Je dormais et un ange m’apparut en rêve. Il se tenait face à moi… et me tendit une lettre scellée en me disant : « Prends cette lettre, c’est le Chabbat qui te l’envoie ». Je le bénis de m’avoir accordé un si grand honneur avant d’entamer la lecture de la lettre dont la douceur des mots était comparable à celle du miel. ‘Moi le Chabbat, couronne de ceux qui sont précieux, la quatrième des 10 commandements, une alliance éternelle pour toutes les générations… Chaque jour, on peut trouver les portes de la compréhension mais le jour du Chabbat, cent portes s’ouvrent. Mon honneur veut qu’on ne se comporte pas comme en semaine, ni dans les déplacements, ni dans le commerce, ni dans les paroles. Et je t’ai gardé tous les jours parce que tu m’avais scrupuleusement gardé depuis les jours de ta jeunesse.’ Mais quand Rabbi Avraham Ibn Ezra arriva à la fin de la lettre, elle contenait un reproche ouvert. Stupéfait, il se mit à trembler… « Quelle est ma faute ? J’ai toujours aimé le Chabbat, je sortais à sa rencontre de tout cœur et à sa sortie, je l’accompagnais avec joie et chants… pourquoi m’avoir envoyé cette lettre ?? » C’est ainsi que le Ibn Ezra conclut son rêve qu’il a retranscrit. Cette lettre a été précieusement conservée puis imprimée, pour la première fois, à la fin du Choul’han Aroukh du Ari. Elle nous enseigne l’honneur que nous devons accorder au Chabbat !
Source : site hevratpinto.org
Yokheved Levy