Le royaume hachémite a fait savoir le 18 janvier que l’Etat hébreu avait accepté de présenter ses « excuses » et aussi de payer quelque 5 millions de dollars d’indemnisations pour la mort de deux Jordaniens tués en juillet dernier lors d’une fusillade près de l’ambassade d’Israël à Amman, ainsi que pour l’assassinat d’un juge jordanien survenu en 2014 au passage frontalier du pont Allenby sur le Jourdain.
Dans sa déclaration faite au soir du 18 janvier, le Premier ministre Nétanyaou devait lui aussi confirmer avoir conclu un accord avec la Jordanie sur ces deux incidents en précisant que l’ambassade d’Israël à Amman « reprendra sous peu une activité complète ».
Toutefois, malgré les dires de Mohammad Momani, le porte-parole jordanien, selon lesquels Israël aurait accepté « toutes les conditions » du royaume pour la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, – dont, a-t-il précisé, « une action en justice contre l’agent de sécurité de l’ambassade israélienne, Ziv Moyal, accusé d’avoir tué deux Jordaniens dans l’enceinte de cette légation diplomatique », Nétanyaou a précisé que c’est le gouvernement jordanien qui serait indemnisé (et non pas les familles) et que les autorités israéliennes compétentes prendront une décision « dans les semaines à venir » afin de décider si Ziv Moyal devra ou non être jugé pour cet incident qui avait entraîné voilà six mois le renvoi immédiat de Einat Schlein, l’ambassadrice d’Israël à Amman, et de tout son personnel diplomatique.
Un communiqué officiel de la présidence du Conseil publié à Jérusalem a ainsi affirmé sans du tout évoquer les « concessions » consenties par Jérusalem : « Israël attache une grande importance à ses relations stratégiques avec la Jordanie. Les deux pays agiront donc de concert pour développer la coopération bilatérale et renforcer le traité de paix passé entre eux ».
Rappelons que Moyal, qui se trouvait dans une situation évidente de « légitime défense », avait dû ouvrir le feu contre deux Jordaniens après que l’un d’eux l’a attaqué en brandissant un tournevis alors qu’il montait la garde devant l’une des dépendances de l’ambassade.
Après cette fusillade intervenue l’été dernier en pleine crise des « détecteurs de métaux » de la police israélienne installés puis retirés devant les entrées du mont du Temple à Jérusalem, et alors que se multipliaient les manifestations de rue anti-israéliennes à Amman, le malaise est allé en s’approfondissait entre les deux pays. D’autant que la Jordanie avait aussitôt déclaré qu’Israël ne saurait faire revenir Schlein sur son territoire tant que Moyal ne soit jugé…
On se souvient aussi que, retenus à Amman dans les heures qui suivirent cet incident en totale violation de leur immunité diplomatique, Moyal et le reste du personnel de l’ambassade furent autorisés à rentrer en Israël après un entretien téléphonique entre Nétanyaou et le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que grâce à une intervention américaine et aussi une visite spéciale dans la capitale jordanienne de Nadav Argaman, chef du Shin-Bet (Services israéliens intérieurs de Sécurité).
Rappelons aussi que peu de temps après, le Bureau de Nétanyaou avait publié des photos de sa rencontre avec Moyal lors de laquelle il l’avait salué avant même qu’une enquête ne détermine ce qui s’était réellement passé au cours de cet incident.
Richard Darmon