Décidément, Abbas se débrouille toujours pour rater les grands rendez-vous que l’Histoire de la région lui propose. On se souvient qu’en novembre 2008, le raïs palestinien avait laissé lettre morte la très généreuse (et dangereuse, selon certains) proposition de règlement du conflit que lui avait soumis celui qui était alors Premier ministre de l’Etat d’Israël Ehoud Olmert. On se souvient qu’alors que Binyamin Nétanyaou avait, sous la pression de l’administration Obama, accepté de geler totalement, pendant 10 mois, la construction de logements dans les localités juives de Judée et Samarie, Abbas avait attendu 9 mois avant de timidement s’approcher, pour le protocole, de la table des pourparlers durant le 10e sans, bien entendu, accepter la moindre concession… Et ces derniers jours, Abbas aurait pu profiter de la visite dans la région de Mike Pence pour rencontrer le vice-président américain et lui dire droit dans les yeux ses quatre vérités à propos de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Mais non ! Dans sa vision étroite de la situation, Abbas n’a pas compris qu’il n’avait pas le moindre intérêt à se fâcher avec un président ou un vice président américain avec lesquels il risque, tôt ou tard, de devoir se reconcilier. Au lieu de faire face à ses responsabilités nationales, Abbas a une fois de plus fui ces responsabilités pour se réfugier dans les bras chauds mais branlants de l’Union Européenne. Au lieu de dialoguer avec une administration américaine qui est là pour rester, Abbas a préféré solliciter une énième fois les Européens afin qu’ils reconnaissent un Etat palestinien indépendant. Et ce pour essuyer de ces mêmes Européens, qui eux aussi commencent peut-être à en avoir assez des pleurnichages palestiniens, une totale fin de non recevoir… Au lieu de s’aligner sur le positionnement pragmatique de l’Egypte d’A-Sissi et de la Jordanie du roi Abdallah, qui ont accueilli Pence, le raïs palestinien a préféré le boycotter. Au lieu de dialoguer avec Pence pour envisager une compensation américaine à la reconnaissance de Jérusalem, Abbas a boudé. Au lieu de rester dans le giron américain, comme le lui a suggéré Nétanyaou, il envisage de miser sur un soutien de la Russie sans comprendre que Poutine n’a guère d’affection pour les leaders faibles incapables de se prendre en main. Et lorsqu’il a compris à Bruxelles qu’il était peut-être en train de rater le coche, il a rappelé qu’il n’était pas opposé à une médiation américaine « à condition que celle-ci soit inclue dans le cadre d’une médiation internationale… », une proposition immédiatement rejetée à Jérusalem. Inutile de préciser que ce comportement enfantin commence passablement à exaspérer certains leaders sunnites modérés comme A Sissi d’Egypte, Abdallah de Jordanie et MBS d’Arabie Saoudite qui sont aujourd’hui plus préoccupés par la menace iranienne que par le règlement du problème palestinien. Côté israélien on espère donc que ces trois pays sauront exercer les pressions nécessaires sur Abbas afin de le ramener à la raison et de le conduire à renouer un dialogue avec l’administration américaine. Car au bout du compte on comprend que c’est le peuple palestinien qui fera les frais de l’incohérence de son leader.
Daniel Haïk