La nouvelle de la tragique disparition du rav Raziel Shevah zal, mardi dernier 9 janvier, près de sa maison à Havat Guilad a provoqué une très forte onde de choc dans les localités juives de Judée et Samarie ou le rav qui était mohel, était connu et aimé et dans l’ensemble de la population.
Sur un film court mais émouvant, diffusé sur les réseaux sociaux avec l’accord de sa famille, on voit le rav Raziel Shevah zal en train de chanter et danser dans son salon, entouré de ses enfants. Et c’est probablement l’image que l’on devrait conserver dans la mémoire collective d’Israël, image de cet homme de 32 ans, souriant et jovial, père de six enfants, qui est tombé sous les balles de terroristes palestiniens à quelques dizaines de mètres de son domicile, à Havat Guilad sur la route 60, cette route sur laquelle l’histoire d’Israël côtoie la douloureuse réalité du conflit israélo-palestinien. Le rav Shevah était, de l’avis général, un homme heureux : heureux de vivre sur la terre de ses ancêtres, heureux de voir grandir ses six enfants et heureux de partager son temps entre l’Etude de la Torah et l’aide au prochain. Il y a un an, le rav Shevah zal avait brillamment terminé ses études rabbiniques, et il avait reçu son titre de rabbin des mains du Richon Létsion et grand rabbin d’Israël, rav Its’hak Yossef. Dimanche, lorsque ce dernier est venu présenter ses condoléances, il a fait remarquer que l’on voyait parfaitement que le rav Raziel était totalement plongé dans l’étude de la Torah et dans la générosité ; « Il méritait parfaitement les diplômes qu’il a reçus », a dit le rav.
En outre, le rav Raziel Shevah zal était également cho’het et mohel et il a circoncis, ces dernières années, des centaines de nouveaux nés en Samarie et ailleurs. De l’avis unanime de ses proches et amis, le rav Raziel était un homme empli de ‘Hessed, qui n’aspirait qu’à faire le Bien et qui, toujours, était dans la joie et la bonne humeur, comme en témoignent les nombreuses photos où on le voit sourire. Le rav Raziel avait étudié à la Yéchiva Gvoa de Neve Dekalim, dans le Gouch Katif, au cours des années qui avaient précédé l’expulsion de quelques 10 000 Israéliens de cette région, en août 2005 ainsi que durant cette même année. Le beau-père du rav , Roger Koubi, un ancien de Tikvaténou installé en Israël depuis de longues années a relaté durant les Shiva que cet été là , Raziel qui n’avait que 20 ans était volontaire dans l’organisation Kav La’haïm qui s’occupe d’enfants handicapés et il été adulé par eux pour ses capacités à les faire rire. Les responsables de l’organisation avaient compté sur Raziel pour animer leur camp d’été mais celui-ci leur expliqua qu’il ne pouvait pas abandonner ses camarades de la yéchiva en ces heures d’évacuation. Les dirigeants lui répondirent que son absence risquait d’attrister les enfants. Il se laissa convaincre et c’est ainsi que le soir il montait un spectacle de sketches qui réjouissait les enfants et à 22h lorsque ceux-ci allaient dormir,… il passait la nuit à lire Téhilim dans l’espoir d’empecher le décret…
Au cours des dernières années, le rav Raziel avait étudié et enseigné à la yéchiva de « Roé Israël » dans la localité d’Itshar (nord de la Samarie). Selon le témoignage de ceux qui l’ont connu, le rav Raziel était un véritable talmid ‘hakham qui étudiait la Torah dans la joie et l’intégrité : « Durant la période des examens de rabbanout, il étudiait dans le Beth Midrah pendant presque toute la nuit et dormait sur place. Il avait toujours un sourire bienveillant envers les personnes qu’il rencontrait », a déclaré le directeur de la yéchiva. Au cours des derniers mois, le rav Raziel Shevah zal avait entamé des études de Dayanout. En-dehors de ses activités rabbiniques, le rav Raziel passait son temps à venir en aide aux autres : il était bénévole au Maguen David Adom et militant dans l’organisation Kav La’haïm qui s’occupe d’enfants handicapés et enfin, il était également volontaire au sein de la ‘Hevra Kadicha de Samarie. Mercredi dernier, le rav Raziel Shevah a sans doute ressenti une certaine fierté ou une grande satisfaction d’être le premier à être enterré dans cette terre de Samarie qu’il aimait tant…
L’appel de Yaël Shevah :
Yaël Shevah est française d’origine. Ses parents, Roger et Nelly Koubi, ont été de solides militants de Tikvaténou avant de venir s’installer en Israël. Au lendemain des obsèques de son époux, elle a lancé, de son siège d’endeuillée, un vibrant appel qui n’a laissé personne insensible :
« La seule aspiration de mon mari dans ce monde a été de faire des mitsvot, de venir en aide à son prochain et de trouver grâce aux yeux de D.ieu et des hommes. Il a été assassiné. Personne ne lui a demandé s’il voulait mourir ou non. Nous avons décidé d’enterrer Raziel ici, à Havat Guilad, sur la terre où il a vécu, parce que nous avons ressenti que c’est notre mission: de maintenir solidement la pioche qu’il a plantée ici à Havat Guilad, afin que plus jamais on ne puisse nous en séparer… J’appelle le gouvernement, les ministres et le Premier ministre à légaliser Havad Guilad, afin que nous puissions vivre ici comme des Juifs fiers de vivre en Erets Israël. Nous avons fait un grand sacrifice, et nous voulons que le gouvernement comprenne que nous sommes en droit d’avoir notre maison légalement. »
D.H.