La triste actualité de l’assassinat, la semaine dernière, du rav Raziel Shevach sur la route menant à Havat Gilad a fait rebondir le débat sur l’avenir de la centaine d’implantations dites illégales jouxtant les localités juives de Judée-Samarie.
Juste après l’assassinat, dans la nuit du 9 janvier dernier, du rav Raziel Shevach, le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, a annoncé avoir demandé à son administration la possibilité de reconnaître l’avant-poste de Havat Guilad – où habite la famille de la victime – en tant que « localité juive permanente de Judée-Samarie ».
En fait, Havat Gilad a été fondé en 2002 sur des terrains achetés par Moshé Zar à la mémoire de son fils, Gilad Zar, coordinateur de la sécurité en Judée-Samarie, et lui-même assassiné en 2001 dans la même zone lors d’un attentat terroriste à cet endroit. Plusieurs douzaines de familles vivent dans cet avant-poste, appelé « illégal » car les constructions ont été érigées sans permis officiel. Les tentatives d’évacuation de ce site se sont soldées par des affrontements assez violents et plusieurs bâtiments ont été démolis par Tsahal… avant d’être, comment presque partout ailleurs, immédiatement reconstruits par les résidents.
Fait significatif : le rav Shevach a été le premier à être enterré dans le tout nouveau cimetière du yichouv, créé et « inauguré » consécutivement à son assassinat.
De laborieuses démarches de Tsahal visant à légaliser certains avant-postes « sauvages »
Déjà en décembre 2016, la Knesset avait approuvé en lecture préliminaire le projet de « loi de régulation » visant à légaliser quelque 4 000 logements construits (« de bonne foi », c’est-à-dire. sans savoir que les terres ne relevaient pas du domaine public) à des Israéliens sur des terrains palestiniens privés en Judée-Samarie, qui autorisait l’Etat à s’approprier ces terrains si leurs propriétaires étaient inconnus et à les indemniser à 125% de la valeur de la location de leurs terrains s’ils étaient identifiés.
Suscitant de nombreuses critiques et polémiques en Israël et surtout à l’étranger – où on la qualifia un peu vite de « loi d’annexion » –, ce texte ne fut pas ensuite entériné définitivement par la Knesset… Si bien qu’il revint ces derniers temps à l’armée et l’Administration civile de Judée-Samarie, de tenter – en étroite coordination avec le Haut-Conseil de Planification pour la Judée-Samarie – de trouver de nouveaux instruments juridiques afin de légaliser certains de ces campements.
A ce jour, après que le conseiller juridique du gouvernement, Avihaï Mandelblit, se soit plusieurs fois penché sur la question, il existe deux seules possibilités pour légaliser de tels « campements sauvages » : soit une décision explicite du gouvernement les reconnaissant comme « nouvelles localités » (ce que vient de proposer Lieberman pour Havat Guilad) ; soit les déclarer installés sur des « terres adjacentes » en tant que « quartiers voisins » de telle ou telle autre localité déjà officiellement reconnue. Mais cette seconde option obligerait Israël à renoncer à la légalisation de points de peuplement plus éloignés d’autres localités reconnues.
Cet imbroglio politico-juridique et diplomatique devrait encore durer… du moins tant que la « loi de régulation » ne sera pas, une bonne fois pour toutes, entérinée par le parlement.
L’Union européenne : toujours « deux poids, deux mesures » en faveur des « pauvres Palestiniens » !
Fait notable : alors que ces polémiques internes sur les modes de légalisation des avant-postes sauvages vont bon train en Israël dans le plus pur style du « pilpoul » politico-talmudique juif (avec deux positions tranchées et au moins trois avis différents !), relevons qu’il en est tout autrement au plan de la communauté internationale, par exemple à l’ONU et surtout au sein de l’Union européenne (UE), pour qui « toutes les implantations juives sont illégales », que ces localités soient ou non, en fin de compte, légalisées par le gouvernement israélien !
Fondée sur une interprétation partisane et erronée de la fameuse Résolution 242 du Conseil de Sécurité onusien demandant « l’évacuation par Israël de territoires contrôlés lors de la guerre de juin 1967 (et non pas « des territoires » – ce que n’a jamais dit le texte anglais de cette résolution), ce parti-pris international obstiné concerne absolument tous les centres de population (villages, localités et campements juifs) se trouvant au-delà de la Ligne verte (la ligne d’armistice de 1949 que l’AP s’escrime sans cesse à appeler « frontières de 1949 », alors qu’il s’agit d’une simple ligne de cessez-le-feu). Et ce, dans une « Cisjordanie » (Judée-Samarie) que l’ONU et l’UE aimeraient tant voir « Judenrein »… Exactement comme ce qu’exigent, de manière ostensiblement raciste, l’AP et tous les mouvements palestiniens, comme s’il allait de soi qu’il s’agit là de « terres palestiniennes » (alors qu’aucun « Etat de Palestine » n’a jamais existé à nulle époque dans la région) et non pas, en fait, de « territoires disputés » !
Autre injustice anti-israélienne flagrante : l’UE se plaît à toujours dénoncer « les implantations juives illégales », alors qu’elle finance elle-même des bâtiments totalement illégaux de structures de l’AP, à l’heure où, de surcroît, le nombre des constructions sauvages privées érigées par les Palestiniens en Judée-Samarie et à Jérusalem-Est augmente sans cesse…
Richard Darmon