Le gouvernement israélien a récemment pris une décision ferme en matière migratoire : il a ordonné à des milliers de réfugiés et migrants africains en situation irrégulière de quitter le pays dans les trois mois, sous peine de prison. Ceci pour les pousser au « départ volontaire » plutôt que de les renvoyer rudement. L’Autorité de la Population et de l’Immigration a appelé, la semaine passée, les ressortissants du Soudan et d’Erythrée à partir « vers leur pays ou vers un pays tiers », à savoir le Rwanda ou l’Ouganda. Ceux qui s’en iront d’ici le mois de mars recevront 3.500 dollars, ainsi que de l’argent pour couvrir leur billet d’avion. Sinon, ce sera la prison. Les enfants, les personnes âgées et les victimes de la traite des êtres humains sont exemptés de la mesure. Les associations de défense des travailleurs migrants ont condamné cette décision, affirmant que les expulsions « mettaient la vie des réfugiés en danger ». Mais pour Israël, ces milliers d’Africains passés par l’Egypte avant la construction de la barrière le long de la frontière du Sinaï, sont des « infiltrés », des demandeurs d’asile « fictifs » attirés uniquement par de meilleures conditions de vie, c’est-à-dire des migrants économiques dont une majorité se regroupe dans le sud de Tel Aviv, où des ghettos sont apparus. Toutefois, certains des quelque 38 000 « infiltrés » du pays disent avoir fui les conflits et la persécution. Les données de l’Autorité de la Population et de l’Immigration, suggèrent que 27 500 demandeurs d’asile d’Érythrée, 7 900 du Soudan et 2 600 d’autres pays africains, vivent en Israël. Selon les Nations Unies, depuis 2009, seule une dizaine d’Erythréens et de Soudanais a obtenu le statut de réfugié dans le pays. Le Premier ministre israélien, Binyamin Nétanyaou, a cependant rejeté les demandes d’asile de ceux qui viennent de pays d’Afrique de l’Est. Au terme d’un accord conclu entre Jérusalem et Kigali, le Rwanda a accepté d’accueillir 10 000 migrants sur son sol. Par contre, le gouvernement ougandais dément en avoir fait de même.
Noémie Grynberg