L’information, ou plutôt la désinformation, aurait prêté à sourire si elle n’émanait du grand journal économique israélien Globes. Le 28 décembre, il a lâché une bombe digne des sites complotistes qui pullulent sur Internet : selon le quotidien, l’administration fiscale française traquerait les contribuables juifs, et eux seuls, par le biais d’un « département secret » chargé de les débusquer. L’enquêteur à l’origine de cette pseudo-révélation, aurait rencontré une « victime » souhaitant conserver l’anonymat et convoquée auparavant, prétendait-elle, par la cellule en question pour s’expliquer sur des avoirs non déclarés détenus de l’autre côté de la Méditerranée.
Le département serait composé de vingt salariés hébraïsants, des yordim – anciens olim revenus dans l’Hexagone – maîtrisant toutes les ficelles du blanchiment dont certains nouveaux immigrants se seraient fait une spécialité.
L’« intox » (ou « fake news » en anglais) a ému les associations communautaires incrédules, et suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Globes lui-même a admis que son article semblait d’autant plus déroutant que « la France, République laïque, s’abstient de classer les gens en fonction de leur religion ». Néanmoins, le journal a précisé que Bercy se serait intéressé à notre communauté « après l’ouverture d’enquêtes contre des personnes soupçonnées de fraudes d’une ampleur considérable et de blanchiment d’argent en Israël à travers des achats immobiliers ».
L’ambassade française à Tel Aviv a aussitôt démenti.
Quant à la Direction générale des finances publiques, elle a rappelé, dans un communiqué, qu’une telle cellule antijuive, censée se trouver « au treizième étage » de son bâtiment principal selon Globes alors qu’il en compte… neuf, serait parfaitement illégale. Elle a regretté que le journal n’ait pas cru bon de vérifier la fausse nouvelle auprès de ses services.
Paris et Jérusalem sont liées par une convention fiscale, en vue d’échanges de données empêchant en principe toute dissimulation – accord appliqué notamment de façon draconienne par les banques.
Axel Gantz