Le président (divers droite) du conseil départemental de Haute-Savoie, Christian Monteil, a rendu hommage la semaine dernière à Jeanne Brousse née Maurier, dite « Jeannette », née en 1921 dans la région, et qui était la doyenne des Justes françaises honorées par Yad Vashem : « C’était une grande dame », a-t-il dit.
Jeanne Brousse est entrée en 1939 à la préfecture d’Annecy. A partir de 1941, elle a rejoint un nouveau bureau destiné aux nombreux réfugiés et déplacés par la guerre affluant dans le département.
En novembre 1942, Suzanne Aron lui demande de l’aider pour lui procurer de faux papiers d’identité. Son mari, Francis Aron, ancien combattant, officier blessé en 1940 et décoré de la Légion d’honneur, a brûlé les leurs car il refuse de porter l’étoile jaune avec sa famille. Elle en a besoin aussi pour les trois petites filles, dont elle a la garde,celles l’aumônier général des camps d’internement du sud de la France d’alors et rabbin de Valence (Drôme), le grand rabbin Henri Schilli zatsal.
Jeanne Brousse fabriquera alors tous les documents requis : Suzanne Aron et sa fille deviendront Caron et les trois filles Schilli deviendront les « Sureau ». Jeanne Brousse les cachera ainsi pendant un an dans la ferme de ses grands parents au bord du lac d’Annecy.
La Juste disparue en octobre a également résisté aux côtés de Geneviève de Gaulle-Anthonioz (nièce du général) en 1943, distribué des journaux clandestins et facilité le passage de personnes recherchées, juives ou non, vers la Suisse.
Après la Libération, le rav Schilli zatsal, promu grand rabbin et directeur du Séminaire rabbinique de la rue Vauquelin, a témoigné et c’est grâce à lui que Jeanne Brousse a été élevée, en 1973, au rang de Juste parmi les nations.
Elle a assuré la vice-présidence du Comité français pour Yad Vashem. Très active dans le milieu associatif, elle est souvent intervenue dans les écoles pour évoquer la Résistance et la déportation. Son nom figure sur le mur d’honneur du Musée de l’Holocauste à Washington : « Je ne suis pas une héroïne ni une conférencière. Je suis une femme ordinaire qui a vécu des choses extraordinaires, tout simplement », disait-elle. Apprenant sa disparition, Nicole Naouri la fille aînée du grand rabbin Schilli, qui vit aujourd’hui en Israël, lui a rendu un hommage appuyé : « ‘Elle nous a sauvé la vie au péril de la sienne. Elle avait beaucoup de courage. Nous sommes restées liées par un lien très solide pendant plus de 70 ans, et il m’est arrivé d’aller témoigner à ses cotés de notre histoire devant des lycéens », a affirmé Nicole Naouri à Haguesher.