Les révélations sur l’existence de clauses secrètes pouvant bénéficier au Hamas dans l’accord de réconciliation entre les deux grandes factions palestiniennes, a quelque peu « refroidi » certains responsables « modérés » de l’Autorité Palestinienne. Apparemment, derrière cette démarche entamée par le mouvement intégriste et terroriste palestinien, se cacherait une habile manœuvre initiée par l’ancien chef du bureau politique du mouvement, Khaled Machaal. Analyse.
L’encre n’avait pas encore séché sur l’accord de réconciliation inter-palestinien – signé il y a dix jours au Caire – que le quotidien israélien gratuit Israël Hayom en révélait quelques-unes des clauses « secrètes ». Selon ce journal, il y aurait derrière la démarche de rapprochement enclenchée par le Hamas en direction du Fatah et de l’Autorité Palestinienne, une intention politique très claire : celle de permettre, à court terme, à l’ancien patron du mouvement terroriste à l’étranger, Khaled Machaal, de briguer la présidence de l’Autorité en remplacement de Mahmoud Abbas. En effet, selon un document annexe de cet accord qualifié par les Palestiniens d’historique, des responsables du Hamas seraient admis officiellement au sein des instances de l’OLP, ce qui serait un prélude à des élections présidentielles qui pourraient projeter Machaal à la tête de l’Autorité Palestinienne. Des responsables des services de renseignements égyptiens, directement impliqués dans les tractations en perspective de la ratification de l’accord de coalition, auraient confirmé l’existence d’une telle clause, qui y aurait été ajouté d’un commun accord entre le Fatah et le Hamas. Il semblerait que Machaal, qui est resté l’homme fort du mouvement en dépit de son remplacement à la tête du bureau politique par Ismaïl Anyeh, planifie, depuis plusieurs années, sa « mise sur orbite » en vue de prendre « légalement » le pouvoir au sein du mouvement palestinien. Il serait même l’initiateur de la nouvelle charte du Hamas, publiée il y a quelques mois, une charte nettement nuancée par rapport au positionnement traditionnel du mouvement intégriste. Cette charte, soit disant modérée, reconnaissait la création d’un Etat palestinien sur les frontières de juin 67, ce qui avait été perçu à l’époque comme un geste réformateur pour un mouvement aussi conservateur que le Hamas. La seconde étape de cette conquête du pouvoir palestinien par Machaal serait donc cette « réconciliation ». Machaal aurait choisi de favoriser cette démarche de réconciliation précisément maintenant pour plusieurs raisons : d’abord, la fin de la relation entre le Hamas et le Qatar, qui a privé le mouvement intégriste de son principal bailleur de fonds ; et surtout parce que certains sondages réalisés au sein de l’Autorité palestinienne faisaient état d’une baisse constante de la popularité de Marouan Bargoutti, et le fait que celui-ci n’était plus perçu comme le successeur automatique et incontesté d’Abbas, en particulier depuis l’échec de sa dernière grève de la faim. Machaal a donc senti qu’il devait saisir une opportunité qui ne se représenterait pas de sitôt, et entreprendre cette démarche de rapprochement.
Voilà pourquoi, cette réconciliation qui paraît de prime abord plus solide et plus sincère que les précédentes, ne serait donc qu’une habile manœuvre du Hamas pour prendre le contrôle de l’Autorité Palestinienne. Au sein du Fatah, on a réagi en deux temps à ces révélations. Si, dans un premier temps, les responsables du mouvement au sein de l’Autorité Palestinienne ont affirmé qu’ils sauraient faire face à cette manœuvre, dans un second temps, leur colère a grondé, et ils ont promis de tout faire pour torpiller les projets de Machaal : « Nous ne lui tirerons pas le tapis rouge et nous ne laisserons pas le Hamas prendre le contrôle de l’OLP ! », ont-il lancé. Ces responsables de l’AP ont souligné qu’ils exigeraient du Hamas de cesser tout attentat terroriste, en échange d’un engagement que l’AP coordonnerait toute relance du processus de paix avec la direction du mouvement terroriste. Côté égyptien, on a alors admis que l’accord de réconciliation se trouvait dans une phase périlleuse, et que la révélation des clauses secrètes de cet accord risquerait de le compromettre.