Il y a plusieurs réponses à cette question. Mais la plus inattendue ne concerne pas directement Israël mais plutôt la rivalité sans merci entre Mahmoud Abbas et celui que les Egyptiens voudraient bien mettre à sa place, un certain Mouhamad Dahlan. Analyse.
La décision est tombée la semaine dernière : dans le cadre de sa 86e assemblée générale qui s’est tenue à Beijing, Interpol a admis l’Autorité Palestinienne parmi ses membres à part entière et ce en dépit du fait qu’il ne s’agit pas d’un État indépendant reconnu par l’ensemble de la communauté internationale. 75 des 133 membres électeurs ont voté en faveur de cette adhésion soit plus de la majorité des deux tiers indispensable. En novembre 2016, les Palestiniens avaient déjà tenté de se faire admettre au sein d’Interpol mais ils s’étaient heurtés à une vive opposition d’Israël. Cette année, les responsables ont senti que la partie serait bien plus ardue : en effet en août dernier le directeur général d’Interpol Jurgen Stock avait reçu au siège de l’organisation internationale à Lyon, le patron de la police palestinienne Azzem Attalah et à l’issue de cet entretien, il avait affirmé que la police palestinienne avait démontré son professionnalisme et son efficacité dans la lutte et la prévention des crimes. A partir de là les Israéliens ont redoublé d’efforts pour tenter de torpiller une reconnaissance d’Interpol. Ils ont d’abord tenté de prouver que la direction de l’organisation internationale de police criminelle se devait de rehausser ses critères d’admission. Mais cette démarche entreprise auprès d’un forum plus restreint que l’Assemblée générale s’est heurtée à une fin de non-recevoir. Finalement, les efforts diplomatiques intensifs menés par Israël y compris avec le soutien actif des Etats-Unis n’ont pas pu modifier cette tendance. Pour Israël, il s’agit d’un échec diplomatique certain même si à Jérusalem on tente de le minimiser. On redoute en effet, après l’admission palestinienne que Ramallah ne se serve de son nouveau statut pour lancer des mandats d’arrêts internationaux contre des officiers de Tsahal qui auraient selon eux commis des « exactions » durant leur service militaire en Judée et Samarie. Cependant les experts israéliens qui connaissent le fonctionnement d’Interpol affirment que l’organisation internationale ne laissera pas l’Autorité Palestinienne l’utiliser pour poursuivre sa lutte contre l’État hébreu. Seconde crainte israélienne : que l’Autorité Palestinienne puisse avec son admission disposer d’informations top secrètes sur des réseaux terroristes, informations qu’Israël fournit régulièrement à certains pays membres.
Mais l’information la plus inattendue mais pas obligatoirement la plus incohérente est celle publiée en fin de semaine dernière par des sites palestiniens. Ceux-ci affirment que Mahmoud Abbas avait un objectif prioritaire en faisant adhérer l’Autorité palestinienne à Interpol : lancer un mandat d’arrêt international contre celui qu’il considère comme son ennemi juré, Mouhamad Dahlan. Ce dernier est accusé par l’Autorité Palestinienne de corruptions diverses et c’est l’une des explications à son exil, plutôt doré dans les émirats arabes unis et en Egypte. Dahlan serait d’ailleurs l’un des personnages-clés du rapprochement inter-palestinien initié sous l’impulsion de l’Egypte.
Enfin, il convient de rappeler qu’au cours des dernières semaines l’Administration Trump avait demandé aux Palestiniens de geler toute initiative diplomatique sur la scène internationale. Ce pied de nez des palestiniens pourrait être le reflet d’une sorte de désaveu ressenti par les dirigeants palestiniens envers les principaux médiateurs américains (Jason Greenblatt et David Friedman) considérés comme trop pro-israéliens.