Bien que la Torah n’explique généralement pas la signification des mitsvot, les maîtres des générations se sont toujours efforcés de les expliquer par différentes approches. Le commandement de sonner du chofar à Roch Hachana est certainement l’un des plus riches en la matière…
Dans son célèbre ouvrage sur les prières, l’Aboudarham rapporte au nom de rav Saadya Gaon dix explications à la mitsva de sonner du chofar à Roch Hachana. En voici les grandes lignes.
Le jour de la Création
C’est à Roch Hachana que la Création du monde a débuté (cf. Roch Hachana 10/b). Or, lorsqu’un nouveau souverain est intronisé, l’usage veut que l’on sonne des trompettes et que l’on proclame le commencement de son règne dans tout le royaume. De la même manière, Roch Hachana marque le début de l’existence et c’est alors que D.ieu a commencé à exercer Sa Royauté. Nous Le proclamons donc « Roi du monde » en sonnant en ce jour du chofar.
L’ouverture du jugement
Roch Hachana est également le premier des dix jours de Pénitence. Cette date marque donc l’ouverture du procès de toute la Création, où chacun est convié à scruter ses actes et à se repentir. La sonnerie du chofar est comme un appel lancé au monde entier : « Repentez-vous ! Car si vous ne le faites pas maintenant, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-mêmes ! »
Le don de la Torah
Lors de la Révélation au Sinaï, « il y eut une son de chofar très puissant » (Chémot 19, 16) et c’est dans ces circonstances que nos ancêtres ont proclamé la fameuse annonce : « Nous ferons et nous entendrons ! » À Roch Hachana, nous nous efforçons donc de reproduire ces conditions, afin que nous puissions de nouveau accepter la Torah et le joug divin de tout cœur.
La voix des prophètes
En outre, les annonces et exhortations proclamées par les prophètes sont également assimilées à des « sons de chofar », comme il est écrit : « S’il est quelqu’un qui entende le “son du chofar” et ne se tienne pas sur ses gardes (…) son sang sera sur sa tête… » (Yé’hezkel 33, 4). En plus de nous encourager à accepter de nouveau la Torah, le son du chofar nous invite également à nous soumettre aux prescriptions des prophètes, les seuls légitimes transmetteurs de la Torah.
La destruction du Temple
Ces sonneries du chofar nous rappellent également les circonstances dans lesquelles le Temple de Jérusalem a été détruit : au son des trompettes de l’ennemi, venu saccager et profaner toutes les saintes valeurs de notre peuple. Le prophète Yirmiya en témoigne : « Mon âme, tu as entendu le son du chofar, les sonneries de la guerre ! » (Yirmiya 4, 19). En sonnant du chofar à Roch Hachana, nous nous rappelons que le Temple de D.ieu n’est plus, et nous L’implorons ainsi de rétablir Son règne sur terre.
La ligature d’Its’hak
Le chofar évoque également l’épreuve lors de laquelle Avraham a dû ligoter son fils Its’hak en vue de le sacrifier. Or, ce dernier avait accepté de se laisser égorger, pour obéir à l’ordre divin. En sonnant du chofar, nous affirmons que nous-mêmes sommes également disposés à offrir notre vie pour Lui rendre hommage, ce qui constitue un mérite supplémentaire en notre faveur.
Insuffler la crainte dans les cœurs
Le son produit par le chofar est naturellement propice à susciter la crainte et des sentiments de contrition dans le cœur des hommes, comme il est écrit : « Le chofar sonnerait-il dans une ville, sans que son peuple soit en émoi ?! » (Amos 3, 6). Or, ce sont précisément ces sentiments qui peuvent fléchir le jugement divin en notre faveur et nous permettre d’obtenir un verdict favorable.
Le Jugement dernier
Le son du chofar rappelle également le Jugement dernier, lorsque l’humanité entière et toutes les générations se présenteront devant le Maître du monde pour accéder au monde futur. En effet, il est écrit au sujet de ce grand Jugement : « Déjà l’on entend le son du jour de l’Éternel (…) le jour du chofar et des sonneries… » (Tséfanya 1, 14-16).
La fin de l’exil
Lors de la venue du Machia’h, toutes les communautés de la Diaspora seront appelées à se rassembler et à gagner la terre d’Israël. Or, c’est au son d’un chofar que ce vaste rassemblement se produira : « En ce jour, résonnera le son d’un grand chofar : alors viendront ceux qui étaient perdus dans le pays d’Achour, les relégués dans la terre d’Égypte, et ils se prosterneront devant l’Éternel sur la sainte montagne, à Jérusalem » (Yéchaya 27, 13). En sonnant du chofar à Roch Hachana, nous exprimons notre désir ardent de voir ce jour arriver enfin.
La résurrection des morts
Dans les temps futurs, lorsque toutes les âmes seront appelées à rejoindre leurs corps, elles le feront au son d’un chofar, comme il est écrit : « Tous les habitants du monde, tous ceux qui peuplent la terre (…) quand sonnera le chofar, écoutez !… » (Yéchaya 18, 3). Nous sonnons également du chofar à Roch Hachana pour témoigner de notre conviction que cet événement arrivera un jour, et de notre espoir de le voir se produire dans les plus brefs délais, amen.