Parlez-vous le vert ?
Vous aimez Greenpeace ? Vous allez adorer le Green Speech, cette belle initiative destinée à protéger notre environnement social et à promouvoir la paix au sein de notre peuple. Au moment où il en a cruellement besoin.
De Greenpeace…
En septembre 1971, un groupe de militants nord-américains, pacifistes et écologistes, embarquent à bord du Phyllis Cormack pour protester contre les essais nucléaires prévus au large de l’Alaska. Leur action fait sensation dans le monde entier et va finalement porter ses fruits. En 1972, sous la pression massive du public, les États-Unis annoncent la fin des essais nucléaires atmosphériques. Ivres de succès, les militants de l’expédition cherchent alors un nom évocateur des problématiques qu’ils défendent : environnement et pacifisme. Greenpeace est née. Si les premières actions de cette organisation concernent la lutte contre le nucléaire et la protection des océans, elle étend progressivement son combat : lutte contre le changement climatique, contre la pollution par les produits toxiques, protection des forêts, dénonciation des OGM et des pesticides, promotion des énergies renouvelables et de l’agriculture écologique.
…au Green Speech !
Mais malgré ses admirables contributions à la protection de notre belle planète que nous saluons dans ces humbles lignes, force nous est de constater que Greenpeace reste impuissante face à une certaine forme de pollution. Une forme de pollution invisible – mais tout aussi nocive – qui souille notre environnement social et spirituel : celle des paroles péjoratives ou susceptibles de nuire ! C’est donc pour combler à cette grave lacune que plusieurs associations juives se sont récemment liguées pour lancer une campagne de sensibilisation sans précédent contre cette source de pollution ignorée. Comme leurs prédécesseurs « écolos », elles se sont mises en quête d’un nom de campagne qui résumerait les deux axes principaux de leur mission :
- Sensibiliser les Juifs du monde entier à l’importance capitale de soigner notre langage en nous éloignant de toute forme de discours susceptibles de causer du tort à notre prochain.
- Promouvoir la paix, l’unité et l’harmonie au sein du peuple juif.
C’est ainsi qu’a vu le jour la campagne intitulée Green Speech, ou en français le « parler vert ». Créée à l’origine par le rav Michael Stern, bien connu dans le monde anglophone sous le surnom « Rabbin Sans Frontières », cette merveilleuse initiative a obtenu le soutien de grands organismes communautaires orthodoxes comme la fondation ‘Hafets ‘Haïm Heritage, Aish Hatorah ou encore le Centre de promotion des valeurs juives dirigé par le rav et roch kollel Its’hak Berkowitz.
Haine gratuite 2.0
Et si les « militants » de Green Speech ont choisi le 11 juillet – alias le 17 Tamouz – pour donner le coup d’envoi à cette campagne, le hasard n’a rien à faire là dedans. Car, comme chacune le sait, ce jour marque le début des trois semaines de deuil qui commémorent la chute de Jérusalem et la destruction du Temple. Des événements tragiques qui, comme le soulignent nos maîtres, furent une conséquence directe de la médisance et la haine gratuite qui sévissaient autrefois au sein du peuple. Et qui n’ont malheureusement pas fini de causer des ravages jusqu’à aujourd’hui. Or, il faut bien se l’avouer, l’explosion des réseaux sociaux ne fait rien pour endiguer ce tsunami de haine. Avec quelques clics sur notre clavier d’ordinateur, ou même quelques effleurements sur notre écran de portable, nous voilà subitement bombardées au rang de « faiseuses d’opinion ». Brandissant le prétexte de la liberté d’expression, on se permet parfois d’attaquer et de blâmer, de critiquer et de dénigrer, d’épiloguer et de fronder, de grogner et d’houspiller, d’incriminer et de juger, de médire et de nier, de piquer et de réprimander, de stigmatiser et de vilipender. En un mot comme en mille, de semer la zizanie. C’est la raison pour laquelle du 17 Tamouz au 9 Av (soit du 11 juillet au 1er août), nous allons tenter, chacune à notre niveau, de renverser la tendance en privilégiant le « parler vert ». À l’oral comme à l’écrit.
Un jour une halakha
Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, si vous aussi vous souhaitez rejoindre cette campagne internationale et apporter votre propre pierre à l’édifice de l’unité du peuple juif, il va falloir commencer par vous rafraîchir la mémoire en matière des hilkhot chemirat halachone. Les promoteurs de la campagne Green Speech encouragent tout un chacun à consacrer quelques minutes par jour pendant les trois semaines à réviser les lois du langage en utilisant par exemple comme support d’étude le célèbre ouvrage Hafets Haïm – Un jour, une halakha. Autre mesure dans l’air du temps pour les plus « branchées » parmi nous ; partager chaque matin sur vos réseaux sociaux un petit résumé de votre étude quotidienne des lois du lachone hara, afin de donner le ton aux correspondances qui suivront. Pour les autres, celles qui ne sont pas prêtes à renoncer au plaisir d’une bon vieux coup de fil avec leur amie, pourquoi ne pas consacrer les cinq premières minutes de votre premier conversation à une brève ‘havrouta par téléphone.
Les 10 commandements du Green Speech
Pour nous faciliter la tâche, les militants de Green Speech ont résumé en dix points l’essence des lois du langage :
- Seules des paroles positives tu prononceras – de tout commentaire péjoratif tu t’éloigneras, même si vérité tu diras.
- Le bien-être de ton prochain tu préserveras. De toutes paroles susceptibles de lui causer du tort physique, financier ou psychologique, tu t’abstiendras.
- L’humour tu emploieras, mais jamais au détriment de ton prochain.
- De ton entourage mais aussi de toi-même, jamais tu ne médiras.
- Par la parole, par geste ou par écrit, l’autre tu ne dénigreras point.
- Si ton prochain médit, ne l’écoute point. De sujet (voire même de trottoir) tu changeras.
- Le bénéfice du doute à ton prochain tu accorderas.
- Tout stéréotype ou information sur un groupe ou une communauté spécifique, tu banniras.
- Des paroles bienveillantes et encourageantes tu prononceras.
- Si d’un danger potentiel tu souhaites protéger ton prochain, des rumeurs et exagérations tu fuiras, la précision tu prôneras.
La charte du Green Speech
Pendant la période des trois semaines (et plus si affinités) je vais m’efforcer…
- …de réfléchir à l’impact de mes mots.
- … de remarquer à quel point les paroles négatives, péjoratives ou susceptibles de nuire blessent autrui et moi-même.
- … de remplacer mes paroles blessantes par des paroles positives, bienveillantes et encourageantes.
- … d’employer un langage qui donne aux gens la sensation d’être acceptés, respectés et aimés.
- … d’employer uniquement des paroles qui cultivent la paix, l’harmonie et l’unité dans ma maison, mon école et mon travail en choisissant des mots qui encouragent la coopération, l’esprit d’équipe et la productivité.
Bref, je vais m’efforcer de parler vert. Et vous-même ?
Ora Marhely