La transformation de la Chine en superpuissance économique sur la voie d’un certain libéralisme a totalement changé sa perception d’Israël.
Bien qu’en termes financiers, les échanges commerciaux Israël-Chine soient en constant progrès, ils sont encore loin d’exploiter tout leur potentiel. Selon les estimations, la coopération sino-israélienne va s’étendre de manière exponentielle au cours des prochaines années, dans des domaines militaro-stratégiques, universitaires et culturels jamais abordés jusque-là. C’est que les deux pays partagent des intérêts géopolitiques et économiques convergents, alors que de nombreux outils historiques et culturels favorisent une compréhension réciproque allant en s’approfondissant.
Des facteurs de synergie
Côté chinois, il existe plusieurs facteurs poussant à un rapprochement entre les deux peuples. D’abord, le fait que dans l’esprit des Chinois – également un peuple de très ancienne culture, aimant travailler et s’unissant sur de hautes valeurs éducatives et familiales –Israël et les Juifs constituent (malgré leur si petit nombre) un symbole de réussite et de victoire radicales sur des millénaires d’une histoire très difficile parsemée de persécutions et d’exils… A l’opposé d’une Europe en décadence, gangrénée par le retour en force de ses préjugés antisémites.
Puis, il y a le fait que les besoins économiques actuels de la Chine – une superpuissance financière voulant assurer, y compris dans des termes capitalistes, le bien-être de sa population – poussent ses dirigeants sortis de la gangue idéologique du communisme à faire appel de plus en plus au savoir-faire de la haute technologie israélienne dans bien des secteurs : systèmes d’irrigation, gestion de l’eau, high-tech non polluant, énergies alternatives. Idem aux plans stratégique et de Défense dans lesquels les dirigeants chinois, éberlués par les victoires militaires de Tsahal contre les armées arabes, veulent apprendre les tactiques de combats des « nouveaux Hébreux », tout en lorgnant vers leurs technologies militaires ultra sophistiquées– eux dont l’immense Armée populaire de Libération édifiée sur le modèle soviétique présente encore de nombreuses lacunes en équipement, organisation, formation et fonctionnement. Enfin, la Chine a intérêt – tout comme Israël – à stabiliser un Moyen-Orient où l’Iran, en passe de devenir nucléaire, peut jouer les trouble-fête. D’autant que Beijing espère que l’islamisme intégriste ne s’étendra pas trop dans la région après l’échec patent des « Printemps arabes », la vague des bouleversements intervenus depuis 2011 au Machrek et au Moyen-Orient ayant surpris et beaucoup inquiété les Chinois.
D’uniques opportunités pour Israël
Rompant avec la doctrine communiste de l’époque des pays non alignés dite de « non-interférence » dans les affaires du Moyen-Orient, la diplomatie chinoise a lancé un nouveau concept dit de « participation constructive »,pour affirmer de manière bien plus équilibrée leur présence dans la région, sans que les éternelles pressions des 22 pays de la Ligue arabe ne portent ombrage à la relance des relations avec Israël.Ce rapprochement inédit se manifeste depuis 2011 par l’échange de nombreuses visites officielles de hauts responsables civils et militaires des deux pays, et aussi par la création de « SIGNAL » (Sino-Israel Global Network & Academic Leadership, un groupe d’intérêts communs qui a lancé une dizaine de programmes d’Etudes israéliennes dans les universités chinoises). Toutes ces ouvertures en pleine ébullition dressent en Extrême-Orient de nouveaux horizons économiques, mais surtout diplomatiques et stratégiques, qui peuvent s’avérer salutaires pour l’Etat hébreu.
Richard Darmon