Un concert a marqué, le 13 mars, le début des festivités célébrant en France le cinquantenaire de la libération de Jérusalem. Il s’agissait aussi d’honorer la mémoire du grand militant communautaire que fut Henri Boret à travers une biographie écrite par son fils, Benny.
Benny Boret a réalisé son alya il y a quatre décennies. Organisateur de concerts, il a notamment pris l’initiative d’un événement grandiose : la prestation historique donnée par l’Orchestre philharmonique d’Israël, sous la direction de Zubin Mehta, à l’occasion des quarante ans de l’indépendance du pays. C’était à Massada en présence de cinquante mille personnes, dont l’ensemble des membres du gouvernement et une quinzaine de ministres européens. Ce 13 mars, c’est dans sa ville natale, à Paris, que Benny Boret a mis sur pied un concert du groupe le plus performant d’Israël, de l’avis général, en matière d’instruments à cordes : l’Orchestre Camerata, lauréat de nombreux prix internationaux. Il a eu lieu dans le cadre de la grande synagogue parisienne de la Victoire et avait pour double objectif de célébrer le début des festivités destinées à commémorer le cinquantenaire de la libération de Jérusalem et la sortie d’un livre signé par Benny Boret lui-même: « Si tu es un homme » (éditions Elkana). Il y raconte la vie de son père, Henri Boret zal, né en 1931 et décédé en 2013. Un hommage rendu à un enfant du Pletzl (en yiddish, le quartier de la rue des Rosiers), rescapé de la Shoah et militant communautaire jusqu’à la fin de ses jours. Des amis artistes de Benny ont lu quelques pages ce soir-là : les chanteurs Michel Jonasz, Gilbert Montagné, le cinéaste Elie Chouraqui…Mais la présence la plus marquante était celle d’un violon tout particulier, gravé au nom d’Henri Boret zal. C’est l’un des « violons de l’espoir ». Il s’agit de soixante-dix instruments appartenant à des Juifs déjà utilisés avant-guerre et qui tous ont traversé des épreuves dans la tourmente de l’Europe occupée. Endommagés, brûlés…: ils ont été sauvés par miracle, comme certains êtres humains pendant cette période tragique, et ont été restaurés à Tel-Aviv grâce à un luthier de génie, Amnon Weinstein. Ces violons arpentent la planète et accompagnent depuis 2008 les plus prestigieuses formations musicales. Benny Boret organisera d’ailleurs en juillet un concert dans la vieille ville de Jérusalem, avec une vingtaine de « violons de l’espoir », en l’honneur du cinquantenaire de la victoire de juin 1967. Les artistes seront ceux de l’Orchestre symphonique de Raanana. Henri Boret zal, qui résidait rue du Trésor (4e arrondissement) avec ses parents, a échappé à la rafle du Vel’ d’Hiv’, puis a traversé la France dans des conditions rocambolesques et périlleuses avec sa mère et sa sœur. Il a même été arrêté et a pu s’enfuir… Il a finalement été recueilli par une famille juive de Suisse, pays où il a trouvé refuge après 1942. Cette famille installée à Zurich, les Haymann, était très attachée à la cause sioniste. Betman, le père, avait connu Theodor Herzl en personne dans sa jeunesse. Après la Libération, Henri est revenu à Paris et a exercé mille métiers. Sa vraie passion était l’amour du peuple juif. Il a beaucoup œuvré au sein de l’Appel unifié à la fin des années soixante. Il a aussi fondé avec quelques amis Keren Or, une association de soutien à Tsahal. Enfin, il a présidé l’antenne hexagonale des Bond’s,
les bons du trésor d’Israël. En quoi sa vie est-elle liée au cinquantenaire de la réunification de la Ville Sainte ? Pour répondre, Benny raconte une anecdote : « Un jour, mon père a été interpellé pour avoir commis un excès de vitesse sur la route menant à Jérusalem. Il avait très largement dépassé la limite autorisée. ‘J’ai deux mille ans à rattraper’, s’est-il justifié devant les policiers ». Notons que le concert du 13 mars a été donné au profit des enfants nécessiteux dont s’occupe l’Institut de Jaffa, qui prend en charge des familles israéliennes en difficulté. Son représentant en France, le lieutenant-colonel de réserve Yaacov Perez, était co-organisateur de la soirée.
Axel Gantz