L’étau judiciaire se resserre autour du Front national, soupçonné de malversations financières à grande échelle afin d’alimenter les caisses du parti et de faciliter ses campagnes électorales. Marine Le Pen ne répond pas sur le fond et crie au complot. Au cœur du système économique frontiste, un proche de la présidente du mouvement qui a une particularité : Frédéric Chatillon est un néo-nazi ne cachant ni son antisémitisme, ni ses relations amicales avec certains dignitaires iraniens ou syriens de la pire espèce. Ex-dirigeant du GUD (Groupe union défense, syndicat étudiant d’extrême droite), il a rencontré Marine Le Pen sur les bancs de la faculté de droit parisienne de la rue d’Assas. Ils ne se sont jamais perdus de vue et Frédéric Chatillon est aujourd’hui l’homme de confiance de la candidate à la présidentielle, chargé officiellement de la communication du Front. Or, il a été mis en examen le 15 février pour escroqueries et abus de biens sociaux. C’est un tournant sans doute décisif dans une série de procédures qui durent depuis trois ans. Elles portent sur des montants considérables. En effet, depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, la quasi-totalité des campagnes nationales et locales du FN sont sous le coup d’enquêtes policières et judiciaires. Entre-temps, le fondateur du parti a été condamné par la cour d’appel de Paris, le 1ermars, à trente mille euros d’amende pour avoir de nouveau qualifié les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la Seconde guerre mondiale, en avril 2015. Jean-Marie Le Pen devra également verser dix mille euros à des associations juives et antiracistes, qui se sont portées parties civiles. Le « menhir » de quatre-vingt-huit ans a été reconnu coupable de « contestation de crime contre l’humanité ». Sa saillie antisémite a été désavouée par sa fille et a entraîné sa suspension puis son exclusion du FN, dont il était président d’honneur. Axel Gantz