Une halakha bien connue établit qu’à Pourim, « chacun a le devoir de s’enivrer jusqu’à ne plus savoir distinguer “maudit soit Haman”, de “béni soit Mordékhaï” » (Choul’han Aroukh O.H. 695, 2). De nombreuses explications ont été données à cette coutume apparemment insolite. L’une d’entre elles, proposée par le Gaon de Vilna, met cette loi en relation avec une autre, également spécifique à Pourim : « On ne se montre pas tatillon avec l’argent de la charité distribué à Pourim : on donne à quiconque tend la main » (ibid. 694, 3).
Du fait que l’argent de la charité est largement distribué pendant cette fête, les indigents l’attendent avec impatience, certains de recevoir alors de généreux dons. Aussi, lorsque les mains – et les portefeuilles – s’ouvrent à Pourim, les personnes nécessiteuses bénissent ce jour, et plus particulièrement Mordékhaï qui instaura cette fête: « Béni soit Mordékhaï ! » De l’autre côté de la barrière, se tiennent les personnes aisées pour qui il n’est pas toujours évident de distribuer si largement la charité pendant cette journée. Aussi, chaque fois qu’elles sont contraintes de « lâcher du lest », les plus regardantes d’entre elles ne manquent pas de maudire l’homme à l’origine des événements de Pourim : « Maudit soit Haman ! » Nos Sages prescrivent donc qu’en ce jour de fête, on doit s’enivrer jusqu’à ne plus savoir si l’on appartient à la classe de ceux qui « maudissent Haman » ou de ceux qui « bénissent Mordékhaï »…Y.B.