Chlomo Messica
L’origine d’une coutume
« Qu’ ils Me prennent une offrande, de la part de quiconque sera porté par son cœur » (Chémot 25, 1). Le Tana DéBé Eliyahou enseigne à ce sujet : « Au moment où les enfants d’ Israël ont proclamé : “Nous ferons et nous entendrons !”, le Saint béni soit-Il a immédiatement déclaré : “Qu’ ils Me prennent une offrande.” » Ce Midrach est à l’origine de la coutume selon laquelle les hommes appelés pendant la lecture à la Torah s’engagent à offrir de l’argent, que ce soit pour l’entretien de la synagogue ou d’autres œuvres charitables. De même qu’au moment où les enfants d’Israël ont spontanément accepté la Torah, D.ieu leur a offert l’opportunité de contribuer à la construction du Tabernacle par leurs dons, ainsi de nos jours, la lecture de la Torah nous incite à participer financièrement à des œuvres sacrées (Rabbi Ouri de Stratin).
Le Temple à chaque génération
« Comme tout ce que Je te montre – le plan du Tabernacle et de toutes ses pièces – ainsi le ferez-vous » (25, 9). Rachi rapporte au nom de nos Sages que ces quatre derniers mots – « ainsi le ferez-vous » – nous apprennent que ces préceptes sont valables pour toutes les générations. Nous voyons de là qu’à chaque époque de l’histoire, la construction du Temple était et demeure possible, si seulement le peuple juif le désire ardemment. Et si cela ne se produit pas, c’est simplement la preuve que les hommes n’aspirent pas suffisamment à accueillir la Chékhina parmi eux. Nos Sages enseignent en ce sens : « À chaque génération où le Temple n’ est pas reconstruit, c’ est comme s’ il y avait été détruit » (Sfat Emet).
La Torah appartient à tous !
« Ils feront une arche en bois de chittim… » (25, 10).Pour toutes les différentes pièces du Tabernacle, D.ieu a systématiquement ordonné à Moché : « Tu feras » – à la deuxième personne du singulier. Seule exception à cette règle : l’Arche de l’Alliance, au sujet de laquelle il est écrit : « Ils feront » – au pluriel. Pourquoi cette différence ? En soulignant que tous les Hébreux ont participé à sa fabrication, D.ieu a voulu empêcher que quelqu’un puisse prétendre avoir une plus grande part dans la Torah, en raison de son don généreux. Or, nous savons que la « Couronne de la Torah » n’appartient à personne ni à aucune tribu spécifique : quiconque souhaite en devenir maître le peut par son investissement personnel, que ce soit par l’étude proprement dite ou par un soutien financier. Voilà pourquoi l’Arche est considérée comme l’œuvre de l’ensemble du peuple juif (‘ Hafets ‘ Haïm).
Une rigidité nécessaire
« Tu feras les solives pour le Tabernacle, en bois de chittim perpendiculaires » (26, 15). Selon nos Sages, ces chittim correspondent au cèdre (cf. Rachi Chémot 25, 5). Le Midrach enseigne à ce sujet : « Le monde ne méritait pas d’ utiliser le bois du cèdre. Celui-ci a été créé uniquement pour la construction du Tabernacle et du Temple » (Chémot Rabba 35). De fait, ce bois est réputé pour être l’un des plus solides et rigides. Or ces qualités – l’inflexibilité aussi bien physique que morale – n’étaient pas censées exister dans le monde. Si elles sont pourtant présentes parmi nous, c’est uniquement pour « le Tabernacle et le Temple » – c’est-à-dire à des fins spirituelles et sacrées. Lorsqu’il s’agit de défendre les valeurs de la Torah, la rigueur et l’intransigeance sont alors de mise, afin de rester irrévocablement fidèle à ses principes et ne pas se laisser déstabiliser par les nihilistes en tout genre… (Avné Ezel).