Ces dernières années, l’alya française affiche avec persistance des chiffres records. Cephénomène conduit bon nombre de jeunes garçons à se trouver soudain projetés dans le système scolaire israélien, bien différent de son homologue français. Soucieux d’offrir une réponse aux difficultés de leur intégration, le rav Nahum Botschko de la yechivat Hehal Eliaou a mis sur pied un nouveau projet, qui se veut être la fidèle continuité du lycée juif religieux tel qu’on le connaît dans l’Hexagone. Entretien. Haguesher : Rav Nahum Botschko, pour mieux comprendre l’objectif de votre projet, pourriez-vous nous décrire en quelques mots la situation actuelle d’un jeune olé de France désireux de s’intégrer dans le système israélien ?-Depuis de nombreuses années, le ministère de l’Intégration propose aux nouveaux arrivants de France une intégration directe dans les écoles israéliennes. Pour des élèves de classes de 6e, 5e ou 4e, le passage du système éducatif français vers le cursus israélien peut être faisable, quoique pas toujours de façon évidente. En revanche, pour les élèves plus âgés – notamment ceux de lycée – la transition se solde généralement par un échec. Depuis plus de 10 ans, j’aide personnellement des jeunes olim de France à s’intégrer dans l’armée et dans la vie israélienne. Le triste constat de mon expérience est que, hormis le problème de la langue, les systèmes éducatifs sont extrêmement différents, si bien que les élèves français ne parviennent pas à surmonter les difficultés.- Vous avez donc décidé d’ouvrir un véritable Lycée-yéchiva français au cœur de Jérusalem…-: Exactement. Il y a quelques semaines de cela, nous avons reçu l’approbation du ministère de l’Éducation pour ouvrir un département français au sein du Lycée-yéchiva Nétiv Meïr, à Bayit Végan. Nous comptons à terme ouvrir un classe de seconde, une classe de Premiere S etES et le même cursus pour la Terminale. Les cours de matières profanes y seront dispensés en français pendant une heure en fin de matinée et pendant encore 4 heures les après-midi. En outre, nous accorderons un place importante aux études de kodech – 3 heures tous les matins –qui se dérouleront quant à elles en hébreu, mais qui seront également assurées par des enseignants français. De la sorte, l’apprentissage de la langue se fera en douceur, et sera en plus renforcé par un oulpan. Au final, les élèves obtiendront ainsi un baccalauréat français, tout en ayant acquis un sérieux niveau de kodech. – La section française sera-t-elle séparée de la partie israélienne ? – Seulement partiellement. En plus des prières et des repas qui se dérouleront en commun, les élèves français participeront à de nombreuses activités avec le reste de l’établissement, telles que des excursions. Cela leur permettra de développer des contacts avec les jeunes israéliens et contribuera à leur intégration. En outre, notre structure sera un semi pensionnat, puisque les élèves y dormiront 2 fois par semaine. Pendant ces soirées passées au Lycée-yéchiva, ils prendront part à l’étude commune avec les israéliens. Finalement, ce sont uniquement les cours proprement dits qui se dérouleront séparément. – Quels sont vos principaux objectifs pour vos futurs élèves ? -Nous avons trois fils conducteurs : une étude kodech qui conduise à l’amour de la Torah, l’obtention du baccalauréat et l’intégration dans la société israélienne, ce qui comprend l’entrée dans l’armée ou les yéchivot hesder. Pour la suite de leur cursus, nos élèves auront accès aux études supérieures comme tout israélien, avec l’avantage que certains baccalauréats français sont très prisés auprès des universités locales. – Compte tenu de votre appartenance au mouvement sioniste-religieux, cela aura-t-il une résonance au sein de cette structure ?
– Effectivement, notre système éducatif sera basé sur les principes du mouvement sioniste-religieux. Néanmoins, il faut savoir que jusqu’à ce jour, l’alternative pour les olim religieux est la suivante : ils peuvent soit intégrer le système d’étude du monde ‘harédi, qui est principalement axé sur le koulo kodech [étude de la Torah à plein temps]. Ou encore, ils peuvent entrer dans certains autres établissements qui proposent aussi le baccalauréat français, mais dont le niveau de respect de la Torah ne correspond pas du tout à celui des écoles religieuses françaises. Nous proposons donc une troisième option, qui permettra aux jeunes arrivants de passer le baccalauréat français au sein d’une structure religieuse, quoique n’appartenant effectivement pas au courant ‘harédi.