Avis de gros temps pour Teva.
Depuis le début de l’année, les bourrasques qui se succèdent plombent les résultats – et la réputation – de cette très importante société pharmaceutique, née en Israël, mais désormais de dimension internationale. Le navire est confronté à de mauvais vents d’ouest. Jugez plutôt : fin décembre, Teva avait dû s’acquitter auprès des autorités américaines d’une amende de 520 millions de dollars, pour avoir promu de manière illégale la vente de ses médicaments dans plusieurs pays de l’est de l’Europe. Début janvier, la Commission fédérale du commerce (US Federal Trade Com.) dénonce l’achat par Teva d’Allergan, un producteur d’Actavis, un sirop contre la toux à base de codéine : cette fusion contreviendrait aux règles de la concurrence en vigueur aux Etats-Unis. Et elle accuse Teva d’avoir conclu des accords avec d’autres distributeurs pour s’entendre sur les prix. Dans le même temps, un tribunal de Californie condamne Barr, l’une des filiales de Teva, à une amende de 225 millions de dollars, pour avoir délibérément retardé la mise sur le marché d’un antibiotique, ce qui aurait réduit les prix au détail. Le 31 janvier, les difficultés se poursuivent : un tribunal du Delaware refuse de valider les droits de propriété de 4 brevets déposés par Teva concernant les doses de 40 mg de Copaxone, un médicament contre la sclérose en plaques. Le groupe entend faire appel de cette décision, mais aussitôt l’action de Teva perd 9 % à Wall Street. Résultat : la firme affiche une dette de 35 milliards de dollars, supérieure à sa capitalisation boursière (32 milliards). Les administrateurs tentent alors de rassurer les marchés en affirmant qu’« il y a une vie après la Copaxone ». Mais le mal est fait : le 8 février, c’est au tour de la police israélienne d’enquêter sur les pratiques commerciales de Teva en Europe de l’Est. Devant ces assauts successifs, le directeur exécutif Erez Vigodman, qui pilotait le groupe depuis 2014, démissionne. Dans les couloirs, on murmure que tout cela serait dû au nouveau président américain qui se serait engagé « à faire la peau aux trusts pharmaceutiques ». En attendant, l’action de Teva se dissout comme un comprimé effervescent dans l’eau : elle qui s’échangeait à 72 dollars en juillet 2015 ne vaut plus aujourd’hui que 32 dollars. Le prochain directeur saura-t-il redresser la situation et corriger l’image passablement abîmée du premier producteur de médicaments génériques ? DAVID JORTNER