Pour compenser les parts de marché que les compagnies aériennes low-cost ont gagné en Israël, El Al envisage de fusionner avec Israir, propriété de la holding israélienne IDB. Les premiers contacts remontent à 2015. A l’époque, El Al voulait céder à Israir sa filiale Sun d’Or, et recevoir en échange un certain nombre d’actions d’Israir Airlines. Mais le deal ne s’est pas fait (Israir s’est contenté d’investir dans Sun d’Or) et les raisons qui avaient conduit à l’envisager demeurent : se renforcer sur le marché des vols charters et low-cost vers l’Europe. Cette fois-ci, dans la négociation, El Al est en positionde force : IDB Tourisme, qui contrôle Israir, a vu ses bénéfices chuter de 25 % au cours des trois dernières années. A tel point que la holding IDB, déjà fragilisée par la condamnation de Nochi Dankner, l’un des principaux actionnaires, a dû vendre 40 % de ses parts dans Adama (Solutions Agricoles) à un groupe chinois pour 3,5 milliards de dollars. Alors que les négociations viennent à peine de commencer, la principale inconnue, qui pourrait remettre en cause la fusion, concerne l’attitude qu’adoptera l’Autorité de la concurrence. Pour El Al, l’acquisition d’Israir donnerait une nouvelle dimension à la compagnie emblématique israélienne. Fondée en 1989, Israir a démontré sa capacité à s’adapter à un marché de plus en plus dérégulé. Après avoir assuré de nombreux vols intérieurs vers Eilat depuis Ben Gourion ou Haïfa, Israir organise un service de vols charters vers l’Europe et les Etats-Unis. En 2007, pour attirer une clientèle religieuse, elle annonça mettre à la disposition des passagers juifs des Sifré Tora pour rendre possible des offices en plein vol. Si la fusion se fait, le marché de l’aviation civile israélien sera concentré autour de deux pôles : El Al et Arkia (qui détient d’ailleurs 40 % des parts d’El Al). Les discussions en cours témoignent de la restructuration des compagnies aériennes pour s’adapter à un marché de plus en plus concurrentiel. El Al n’est pas le seul opérateur à se renforcer pour répondre à la demande d’une clientèle populaire : des discussions de même nature occupent actuellement Air France, qui annonce la création d’une nouvelle low-cost pour l’automne 2017…DAVID JORTNER