Voir l’autre
« D’ épaisses ténèbres couvrirent l’ Égypte […] On ne se voyait pas l’un l’autre et nul ne se leva de sa place durant trois jours » (Chémot 10, 23). Derrière le sens littéral de ce verset, se cache un message édifiant. « On ne se voyait pas l’ un l’ autre » signifie que les hommes étaient incapables de porter leur regard sur autrui : dominés par leur ego, ils ne pensaient qu’à sauver leur propre vie, sans se soucier du sort des autres. C’est la raison pour laquelle « nul ne se leva de sa place » – personne n’était en mesure de s’élever moralement, demeurant à un niveau effroyablement bas (Rabbi Heinikh d’ Alexander).
Éviter ses créanciers
« Que chacun aille demander à son voisin et chacune à sa voisine, des ustensiles d’ argent et des ustensiles d’or » (11, 2). Pourquoi les Hébreux durent-ils emprunter ces biens précieux à leurs voisins égyptiens ? Rabbi Moché Michkelov expliquait non sans malice : généralement, lorsqu’un homme accorde un prêt à son ami, celui-ci fera tout pour éviter de croiser son créancier, et il se dérobera à lui par tous les moyens. Aussi D.ieu demanda-t-Il aux enfants d’Israël d’emprunter des trésors à leurs voisins, pour S’assurer qu’ils ne veuillent jamais retourner en Égypte…
La langue du chien
« Quant aux enfants d’Israël, pas un chien n’ aiguisera sa langue contre eux… » (11, 7). Un homme alla un jour se plaindre auprès de Rabbi Meïr de Parmisslan : « Voilà de nombreuses années que je m’ efforce de faire prospérer mon affaire, quitte à louvoyer et à user de toutes sortes de “combines”. Mais la chance ne m’ a toujours pas souri… » Le maître lui répondit : «C’ est à ce sujet qu’ il est écrit : “Quant aux enfants d’ Israël lo yé’ hérats…” » – pour gagner leur vie, les enfants d’Israël ne doivent pas user de « ‘ haritsout » – de moyens ingénieux plus ou moins honnêtes. Au contraire, « …kélev léchono » – « comme le lev [cœur] sera leur lachon [langue] » – si votre langue n’exprime que ce que vous pensez, sans avoir recours à des pratiques douteuses, il est certain que vous trouverez finalement la réussite…
Le miracle de la parnassa
« Le septième jour sera pour vous une convocation sainte. Aucun travail ne pourra être fait ces jours-là. Toutefois, ce qui sert à la nourriture de chacun, cela seul vous pourrez le faire » (12, 16). Pendant toutes les fêtes de l’année, il est permis de faire des travaux nécessaires à l’alimentation. Pourtant, la Torah précise cette permission précisément au sujet du septième jour de Pessa’h. Pourquoi cela ? Car comme l’enseignent nos Sages : « Le gagne-pain de l’ homme constitue [un miracle] aussi difficile que celui de l’ ouverture de la mer des Joncs » (Pessa’ him 118/a). Le septième jour de Pessa’h, lors duquel les enfants d’Israël ont traversé la mer, a donc un lien étroit avec la subsistance de l’homme. C’est la raison pour laquelle cette autorisation a été énoncée précisément concernant ce jour (Bné Issaskhar).
De l’abîme au pinacle
« Ils firent des gâteaux de matsot, parce que, chassés de l’Égypte, ils n’avaient pu attendre et ne s’étaient pas munis d’autres provisions » (12, 39). Nous savons que les Hébreux s’adonnaient à l’idolâtrie en Égypte, et qu’ils y avaient atteint un niveau spirituel extrêmement bas. Pourtant, à l’instant même où ils en furent libérés, ils firent preuve d’une Emouna formidable, au point de pénétrer dans un désert hostile sans faire de provisions ! Cela nous apprend qu’ils sont toujours restés purs dans leur for intérieur, et que leur déchéance était uniquement due à l’exil. Il est écrit en ce sens : « Quand [Pharaon] vous renverra, vous en serez totalement chassés » (11, 1) – aussitôt qu’ils mettront un pied hors de l’Égypte, leur nature reprendra le dessus et ils quitteront « totalement » les mœurs regrettables qu’ils y avaient adoptées (Sfat Emet).