Le gendre du président américain, qui se qualifie d’orthodoxe et prie au Beth Habad de Washington, a été propulsé « haut conseiller » à la Maison-Blanche, chargé notamment du dossier israélo-palestinien. Son influence est déjà remarquable. Portrait. On sait qu’Ivanka Trump, fille du nouveau président américain et gestionnaire de son empire immobilier, est juive à part entière dans la mesure où sa conversion sous la houlette du courant dit de l’« orthodoxie moderne » a été formellement reconnue par les plus hautes autorités rabbiniques israéliennes, après quelques flottements et interrogations. Elle a, paraît-il, étudié le kodech assidûment, pendant plusieurs années, avant sa conversion. Elle a épousé en 2009 Jared Kushner, trente-six ans aujourd’hui, petit-fils de survivants polonais de la Shoah et lui-même pratiquant qui se définit comme orthodoxe. Depuis le déménagement récent de la famille de New York à Washington, le couple et ses trois enfants fréquentent le Beth Habad de la capitale fédérale, animé par rav Levi Shemtov. Comme son beau-père, Jared Kushner, qui vient d’être nommé « haut conseiller » à la Maison-Blanche, appartient à une lignée ayant fait fortune dans l’immobilier. Mais il ne fait plus guère fructifier son immense patrimoine : il préfère la politique et la bienfaisance. Sa fondation a donné, par exemple, trois cent quinze mille dollars (entre 2011 et 2013) à l’association américaine Friends of the IDF, dont l’objet est d’œuvrer pour le bien-être des soldats de Tsahal. En 2014, elle a attribué la somme impressionnante de dix-huit millions de dollars à l’hôpital Shaarei Tzedek de Jérusalem. Elle a aussi soutenu toutes sortes de projets dans les implantations de Judée-Samarie. Charles Kushner, père du nouveau conseiller, finançait déjà des activités caritatives juives, mais aussi les campagnes du Parti démocrate – car il se situait – et se situe toujours nettement plus à gauche que son fils. Dans les mois qui ont précédé l’élection de Donald Trump, Jared Kushner était omniprésent. Qualifié d’« éminence grise », il a notamment aidé le futur président à rédiger son discours devant l’AIPAC, principal lobby pro-israélien des Etats-Unis. Il a également servi de caution morale à son beau-père, en tant que « preuve vivante » de la proximité de l’ex-candidat républicain avec les Juifs. Quand certains accusaient le successeur de Barack Obama d’antisémitisme larvé, il le défendait systématiquement. « C’est une personne aimante et tolérante qui a accepté ma famille et notre judaïsme depuis que j’ai rencontré ma femme, a-t-il dit un jour. Son soutien a été sans faille et sincère. » Jared Kushner pourrait-il s’occuper avec succès du conflit israélo-palestinien, comme le lui a demandé Donald Trump, lequel rêve d’entrer dans l’Histoire en scellant la paix au Proche-Orient ? Il connaît certes le dossier mais risque d’être soupçonné de partialité et peu apprécié dans le camp arabe puisqu’il est proche de la droite sioniste. Il a d’ailleurs tenté d’organiser une rencontre entre son beau-père et Benjamin Netanyahou pendant la campagne. On se souvient que le projet a été abandonné. Quoi qu’il en soit, il devrait être le conseiller le plus écouté. Il travaillera en étroite collaboration avec Reince Priebus, secrétaire général de la Maison-Blanche, et Steve Bannon, nommé stratège en chef. Il est clair, pour l’entourage du président, qu’il sera
placé au-dessus d’eux et pourra leur donner des directives. L’homme qui siège désormais dans le bureau ovale lui accorde une confiance exceptionnelle : « Il incarne une version de moi-même en plus jeune », dit-il. Jared Kushner a donc l’oreille du nouveau numéro un américain et devrait la garder, à telle enseigne que des rumeurs insistantes courent régulièrement à Washington sur son pouvoir de nomination ou de disgrâce dans le groupe élargi des collaborateurs de son beau-père. Axel Gantz