Deux mille personnes se sont rassemblées pour manifester leur indignation face à une conférence qui a placé l’Etat juif sur le banc des accusés au moment où la terreur islamiste frappe partout impunément, y compris en France. Reportage « L’illusion de la paix pour le sacrifice d’Israël » : c’était l’un des slogans, sous forme de mise en garde, lisibles sur les pancartes arborées par quelques-uns des deux mille manifestants qui ont bravé un froid glacial, dans la matinée du 15 janvier, pour protester contre la conférence de Paris sur le conflit proche-oriental. Le rassemblement s’est tenu devant les fenêtres de l’ambassade d’Israël. Une initiative du CRIF, rejoint par l’ensemble des organisations communautaires. C’est le président de l’institution représentative, Francis Kalifat, qui est intervenu en premier. Il s’est interrogé : « Où étaient les soixante-dix nations présentes aujourd’hui dans la capitale lorsque trois cent cinquante mille Syriens mourraient dans des conditions atroces, pendant cette guerre contre Daesh qui d’ailleurs n’est pas terminée ? Pourquoi les deux cents autres différends territoriaux à travers le monde n’intéressent personne, pourquoi les diplomates se focalisent-ils uniquement sur laquestion palestinienne ? Pourquoi incriminent-ils Israël et lui seul tandis que son prétendu ‘partenaire pour la paix’ réclame à présent des « excuses » au Royaume-Uni pour la déclaration Balfour ? » Francis Kalifat a également insisté sur le caractère indivisible de Jérusalem, affirmant que le souhait millénaire exprimé dans la tefila, « lechana habaa biyéroushalaïm », revêtait un caractère spirituel mais aussi politique. Et de citer l’écrivain et prix Nobel Elie Wiesel zal : « Un Juif peut ne pas vivre à Jérusalem, mais Jérusalem vit en chaque Juif ». Ariel Goldmann, qui préside le Fonds social juif unifié (FSJU), a utilisé des mots durs, confessant sa « colère » face à une conférence, « simulacre de dialogue, qui se déroule à quelques centaines de mètres d’ici, dans cette ville qui a subi une cascade d’attentats islamistes… » Pour Ariel Goldmann, Israël n’a pas d’interlocuteur puisque l’Autorité palestinienne « continue d’enseigner la haine aux enfants ». Même indignation dans la bouche du patron du Consistoire, Joël Mergui, qui aurait préféré que les nations se réunissent à Paris pour réfléchir aux moyens d’éradiquer le terrorisme et d’arrêter ceux qui tuent des innocents à Jérusalem ou ailleurs – plutôt que d’isoler Israël en le plaçant sur le banc des accusés. Selon lui, la conférence servira de prétexte et de détonateur à un « antisionisme renforcé ». Plusieurs élus se sont joints au rassemblement. Pierre Lellouche, député Les Républicains du 8e arrondissement (où se situe l’ambassade), a été chahuté par le public lorsqu’il a évoqué la nécessité d’avancer vers la solution à deux Etats. « C’est la position de Binyamin Nétanyaou », s’est-il défendu tandis que Joël Mergui sollicitait le silence. En revanche, il a été applaudi quand il a analysé le vrai motif de la conférence : « Ce motif, a-t-il proclamé, c’est la volonté de deux sortants, Obama et Hollande, de masquer leur échec total au Moyen-Orient, leur incapacité à empêcher les massacres d’Assad et de Daesh et aujourd’hui de prendre part aux
pourparlers de paix, en braquant le projecteur sur Israël, qui n’est nullement concerné par les guerres qui ensanglantent la région ». Le député UDI des Français installés dans l’Etat juif, Meyer Habib, a souligné que l’obsession des diplomates et des médias tenait en sept lettres : « colonie ». « Pourtant, a-t-il dit, aucun Juif résidant à Jérusalem ou en Judée n’est un colon. J’ai honte de la France, a-t-il ajouté, qui pousse Israël non pas à la paix, mais au suicide ». Claude Goasguen, député-maire du 16e, a qualifié la conférence de « mascarade inquiétante ». Il a fustigé le fameux discours du Caire prononcé par Barack Obamaau début de son mandat, s’est félicité de son départ comme de celui de François Hollande et a fait huer la diplomatie hexagonale par la foule en s’exclamant : « J’en ai assez du Quai d’Orsay ! » Concernant la solution à deux Etats, il a manifesté son scepticisme, dans la mesure où l’Autorité palestinienne n’y est « pas prête : elle n’a aucune légitimité puisqu’il n’y a plus d’élections dans les Territoires. De plus, la corruption gigantesque autour de Mahmoud Abbas et le divorce entre le Hamas et le Fatah rendent cette option illusoire à court et moyen termes », a-t-il remarqué. Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël, a conclu le rassemblement en remerciant les participants et en résumant le message du jour : « La conférence renforcera l’intransigeance palestinienne et fera reculer la paix au lieu de la promouvoir ». Axel Gantz