Le grand rabbin de France a pris l’initiative d’un voyage mémoriel d’une journée à Auschwitz, il y a quatorze ans. À l’époque, Haïm Korsia était aumônier de l’armée de l’air. À ce titre, il emmenait surtout sur le site emblématique de la Shoah des soldats et futurs soldats inscrits en écoles militaires. Le voyage existe toujours mais les participants sont plus nombreux et viennent désormais d’horizons divers. Cette année, cent soixante personnes (hauts fonctionnaires, journalistes…) étaient présentes. Parmi elles, soixante-dix élèves, issus du public comme du privé, et étudiants en école de commerce, au prytanée militaire de La Flèche (dans la Sarthe) ou en université, ont arpenté les trois kilomètres séparant Auschwitz de Birkenau. ÉlieBuzyn, rescapé de ce camp et aussi de Buchenwald, les accompagnait. Le grand rabbin a même réuni un minyane dans la synagogue de la ville d’Oswiecim – nom polonais d’Auschwitz -, transformée en musée, mais toujours opérationnelle. Élie Buzyn a sorti le Séfer Torah du Hé’hal. Notons encore que l’équipage de l’avion d’Air France qui a transporté les visiteurs était volontaire pour ce trajet. Haïm Korsia est toujours, officiellement, le rav chargé des aéroports de Paris et la compagnie nationale était partenaire de cette excursion particulière, à laquelle ont assisté également l’ambassadeur de France à Varsovie, Pierre Lévy, et Frédéric de Touchet, consul général à Cracovie. Le grand rabbin a indiqué à Haguesher, depuis la Pologne, que sa mission était remplie à ses yeux : « Les jeunes se parlent, ils sont émus. Nous produisons ainsi de l’humanité, s’est-il félicité, à l’endroit précis où elle a disparu pendant la Shoah. Je vois aussi que des parents qui ont participé autrefois à ce périple avec nous ou avec d’autres nous envoient à présent leurs enfants pour qu’ils vivent la même expérience. C’est gratifiant ». Axel Gantz