Démolir ou préserver la maison natale d’Hitler ? Telle est la question qui a agité l’Autriche ces dernières semaines. À Braunau, ville à la frontière avec l’Allemagne, les tentatives pour endiguer le phénomène grandissant de pèlerinage néo-nazi devant le bâtiment ont provoqué un débat public : faut-il démolir complètement le lieu, le transformer en supermarché, en site commémoratif, en bâtiment administratif, en musée ou en centre de dialogue ? La question a réveillé le passé nazi enfoui de l’Autriche. Après la guerre, la maison natale du führer est devenue la librairie du village, puis une école et même une banque. En 1972, l’édifice loué par le gouvernement autrichien a abrité une garderie et un atelier pour personnes handicapées, et ce, pendant près de 35 ans. Il y a six ans, l’État a continué à louer la résidence inhabitée pour empêcher les néo-nazis d’en faire un site de dévotion au IIIe Reich. Aujourd’hui, rien ne rappelle le passé sulfureux de l’habitation, sauf la pierre commémorative d’hommage aux victimes de la Shoah installée devant en 1989.
Le 4 décembre dernier, la victoire du Parti vert d’Alexander Van der Bellen à la fonction présidentielle a marqué un tournant. Pour la première fois, le gouvernement fédéral autrichien a remis en cause son histoire et son passé nazi. Mercredi 14 décembre, le parlement a finalement adopté à la quasi unanimité des députés, une loi lui permettant d’exproprier la maison natale d’Adolf Hitler, récupérant ainsi la propriété, après des années de conflit avec la famille propriétaire des lieux. Mais son sort n’est pas encore définitivement fixé. L’idée d’une démolition « n’est plus à l’ordre du jour », a précisé jeudi dernier Josef Pühringer, gouverneur de Haute-Autriche. Ceci afin notamment de ne pas risquer de se faire accuser de vouloir « faire disparaître un chapitre d’une histoire embarrassante », a indiqué le ministre de l’Intérieur Wolfgang Sobotka (ÖVP, conservateur-chrétien). En tout cas, le bâtiment ne devrait « plus (pouvoir) être identifié dans sa forme extérieure ». N. G.